vendredi 28 mars 2008

Les films péchés du cinéma : rétrospective

Pas de vœu pieux du cinéma à l’égard des religions. Depuis les années 1960, plusieurs réalisateurs ont pris la liberté d’interroger avec plus ou moins de virulence les religions et de livrer leur interprétation, sur le dogme catholique en particulier. Leurs films ont suscité scandales et foudres des instances religieuses. La censure les a frappés.

L’histoire des liaisons dangereuses entre cinéma et religion commence en 1961. Le réalisateur espagnol Bunuel dénonce dans « Viridiana » l’hypocrisie de l’Eglise. Cette dernière juge son film impie et blasphématoire. L’Espagne de Franco saisit toutes les copies du film.


Deux ans plus tard, c’est au tour de l’italien Pasolini de connaître les foudres du Vatican. Son film « la Ricotta », sur la Passion du Christ est mis sous séquestre pour offense à la religion. Pasolini écope d’une peine de quatre mois de prison avec sursis pour « outrage à la religion d’Etat ».
En France, le long métrage « La Religieuse » (1967) de Jacques Rivette, une adaptation du roman de Diderot a été censuré à sa sortie. Le « Je vous salue, Marie » (1983) de Jean-Luc Godard, une transposition moderne du récit de la Nativité a eu plus de chance : le scandale déclenché n'a pas entraîné l'interdiction du film.

En 1988, Scorcese fait vaciller le dogme chrétien avec son film « La dernière tentation du Christ », qui présente un Jésus en proie au doute et amoureux de Marie-Madeleine. Des fondamentalistes catholiques incendieront plusieurs salles de cinéma en protestation contre ce film dénoncé avant même sa sortie par les autorités religieuses.
En 2002, la religion catholique est une fois encore mise à mal dans le film du réalisateur Costa-Gavras « Amen », qui souligne l’attentisme du Vatican dans l’Holocauste. Les catholiques refusent les accusations portées contre Pie XII. L’affiche du film, représentant une croix chrétienne et une croix gammée entremêlée accroît l’indignation de la communauté chrétienne.

La même année, au Mexique, l’Eglise s’insurge du film « Le crime du Père Amaro » du réalisateur mexicain Carlos Carrera. Lors de la sortie du film, de jeunes catholiques ont manifesté avec des pancartes où l’on pouvait lire : "Si tu aimes la Vierge Marie, ne va pas voir un film où on l'humilie » .

2004 : Mel Gibson relance la polémique avec « La Passion du Christ », film jugé antisémite par certains à cause de l’importance donnée au rôle des prêtres juifs dans la torture et l’exécution du Christ.


« Fitna »: le nouveau blasphème contre le Coran
Ce court-métrage de 17 minutes intitulé « Fitna » (en arabe : division et discorde au sein de l’islam) mis en ligne jeudi 27 mars suscite déjà beaucoup de réactions de la part de responsables religieux et politiques. Réalisé par le député d'extrême-droite néerlandais Geert Wilders, il accuse la religion musulmane d'être terroriste. Le film se livre à des rapprochements entre les attentats commis par des islamistes à New York et Madrid et les commandements du Coran relatifs aux châtiments réservés aux non musulmans.
D'abord mis en ligne sur le site internet de la formation, le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders, le film a ensuite été diffusé sur le site d'échange de vidéos britannique liveleak.com avant d’être retransmis sur YouTube.




Le député Geert Wilders a déclaré vouloir dénoncer le caractère « fasciste » du Coran et faire fi des contestations des responsables politiques du pays. Le premier Ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende a en effet « regretté » cette diffusion tandis que le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas a alerté les ambassades des « pays concernés » en vue d'une évacuation des ressortissants. Le niveau d'alerte terroriste des Pays-Bas a été relevé, en prévention d'éventuelles représailles. La presse néerlandaise a quant à elle revu son jugement après avoir vu le film, annoncé depuis plusieurs mois comme un brûlot.

En 2004 déjà, un réalisateur néerlandais Théo van Gogh avait sorti un court-métrage « Submission », dénonçant la soumission des femmes dans l’Islam. Il avait été assassiné par Mohammed Bouyeri, un néerlandais d’origine marocaine le 2 novembre 2004.

Aux émeutes au Tibet s’ajoute la bataille entre les médias chinois et occidentaux

L’objectivité n’existe pas dans la presse. Encore une fois cette vérité a été approuvée. S’il ne s’agissait pas d’une déformation de l’information, les médias chinois et occidentaux prennent juste chacun son parti. Et le public accepte, avec plaisir ou malgré soi, cette manipulation d’opinion.

Entre 30 et 60 moines tibétains ont perturbé jeudi l’opération de communication chinoise, la première du genre depuis les émeutes qui ont éclaté le 14 mars. Le gouvernement chinois pense à tout organiser, comme organiser un Tibet harmonieux, mais encore une fois, il "rate" son opération, selon leMonde.fr. Les médias chinois se contentent d’énumérer les médias étrangers participant à cette visite.

Puisque l’accès des journalistes au Tibet pendant les événements a été interdit, il est difficile de vérifier les informations provenant des deux sources principales : Pékin et Dharamsala. D'un coté, les médias Chinois ne montrent que les émeutes et les Chinois qui se fait agresser par des Tibétains furieux, et de l'autre, les médias occidentaux, qui fautes d'images s'en tiennent images de blindés dans Lhassa et aux déclarations invérifiables de centaines de morts, du gouvernement Tibétains en exil.

Les occidentaux agités par les répressions sanglantes des manifestants par l’armée chinois, n’attendent pas à montrer leur soutien aux Tibétains. Ils sont descendus dans les rues avec les Tibétains manifestants dans le monde entier, en faisant appel à un boycott des Jeux Olympique pour faire pression au gouvernement chinois. Des sportifs français ont fait appel aux autorités chinoises de respecter les droits de l’homme pour ne pas "gâcher les jeux". Une espèce d’émotion pathétique dans le monde occidental. Rarement sont ceux qui prêtent leur compassion aux Chinois agressés.

Une autre ambiance parmi les Chinois, tant en Chine qu’à l’étranger : la colère. Anti-cnn.com, un site lancé par les étudiants chinois à l’étranger, est au front de la riposte contre les médias occidentaux. Le but est de dénoncer l’injustice des reportages, en demandant également aux internautes d’y contribuer. "Il cite des témoignages d'étrangers racontant la violence des émeutiers, reproduit des photos aux légendes trompeuses, comme celles de policiers népalais en train de réprimer des manifestations, accompagnant des articles sur la répression chinoise." (AFP) Tout comme les Chinois soupçonnent l’implication de CIA dans les événements au Tibet, les journalistes occidentaux demandent si le gouvernement chinois est derrière ce site. "Ce sont les Chinois qui condamnent, critiquent les reportages irresponsables, immoraux", déclare Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères (ChinaDaily).

Face aux reportages contradictoires, les témoignages des touristes s’avèrent importants pour savoir ce qui s’y est passé. Ils sont plutôt recherché par les Chinois. Anti-cnn.com cite un blog d’un touriste canadien: "Je voudrais faire une chose clair parce que la plupart des médias ignorent un fait très important. Oui le gouvernement chinois porte une grande responsabilité de la situation. Mais hier les protestants n’étaient pas pacifiques. (…) Ils ont attaqué les policiers et les innocents chinois... »

Les occidentaux qui brandissent le drapeau de Tibet en hurlant "Free Tibet" et les Chinois irrités ont probablement un point commun : la plupart d’entre eux n’ont jamais été au Tibet, ils ne connaissent pas la vie actuelle des Tibétains ni son histoire. La plupart des occidentaux sont persuadés que le Tibet indépendant a subi l’invasion des communistes chinois, comme pour la plupart des Chinois, le Tibet "était, est et sera toujours une partie de la Chine". Base de divergence.

"Les autorités n’ont guère le choix. Si la répression est excessive, elle risque de se faire dénoncer par les gouvernements étrangers au risque de remettre en question le bon déroulement des JO. Mais si elles laissent faire, tous les mécontents pourraient recourir à des manifestations, et le « désordre » si redouté deviendrait réalité." Jean-Phillipe Béjà résume bien « L’impasse tibétaine ».

Sans aucun doute, le gouvernement communiste chinois a la main de fer, et les indépendantistes tibétains semblent vouloir aller jusqu’au bout, avec le soutien des défendeurs de droits de l’homme. Ils n’écoutent même plus leur dirigeant spirituel Dalaï Lama qui préconise toujours la non-violence. Les Chinois qui ne sont pas forcément contents du Parti communiste soutiennent cette fois leur gouvernement parce qu’ils ne supportent pas la séparation, qui, pour eux, signifie la guerre, dont eux-même seront victimes.

Lin Yuan

JUSTICE SPECTACLE POUR FOURNIRET

Retour sur le premier jour du procès des époux Fourniret à la cour d’assises de Charleville-Mézières.

Actu24 - Les lieux du procès Fourniret
Vidéo envoyée par actu24

Michel Fourniret et Monique Olivier, qui comparaissent pour des affaires de séquestrations, viols, meutres entre 1987 et 2001 sur sept jeunes filles de 12 à 22 ans, se sont livrés à une mise en scène face aux journalistes et aux familles de victime, venus en nombre assister au premier jour du procès du tueur en série et de sa compagne.

Procès Fourniret : dans le bus, avec les victimes

Vidéo envoyée par lefigaro




Le dispositif de sécurité était important autour de la cour d'assises.
Le procès de celui qui s’appelle lui-même "le monstre des Ardennes, mythomane et mégalomane" était attendu depuis plusieurs années.
L'homme de 66 ans, arrêté en 2003 en Belgique et extradé en France en 2006, était incarcéré à Chalons-en-Champagne.


La cruauté froide de l'"Ogre des Ardennes", devenue légendaire, fascine la presse française et belge mais aussi la presse internationale.

Pas seulement depuis quelques jours ; cela fait des années que les théories les plus diverses essaient de qualifier les psychologies et la nature des relations de Michel Fourniret et de Monique Olivier.

Le procès attendu occupe la une des médias qui assurent le suivi heure par heure des premiers jours du procès.
Voir les journaux télévisés de le RTBF belge et du média français LCI.

Ainsi le Soir donne-t-il les détails de l'arrivée au tribunal de Michel Fourniret au deuxième jour du procès. "Les débats ont été interrompus vendredi vers 11 heures par le président de la cour, après que Michel Fourniret a du être amené de force au tribunal par les policiers du GIPN."

De nombreux sites de journaux français proposent de suivre l'affaire heure par heure.
Le site de 20 minutes, depuis jeudi, ou encore celui du Figaro, annoncent régulièrement les nouveaux rebondissements du procès des époux Fourniret.

Les journalistes, les experts psychologues, les avocats et les familles de victime s'attendent à avoir face à eux un Michel Fourniret "fier de ses crimes". De fait, le "minable pitre" arrive au premier jour du procès avec un scénario bien construit.


On peut s'attendre à tout


Premier acte, hier matin, celui que les médias français appelle le "Dutroux français" refuse de présenter son identité au président de la cour d'assises. C'est l'heure des "glauques méandres intellectuels d'un Fourniret donnant dans la farce sinistre" selon l'expression de Roland Planchar dans son édito dans La Libre Belgique.

Car l’homme au pull bleu et à la barbe grisonnante est un provocateur. « Il ferme parfois les yeux, paraît dormir ». A d’autres moments, il fulmine, notamment à l’évocation des crimes sur Elisabeth Brichet , 12 ans, enlevée à Namur en 1989 et que Michel Fourniret aurait eu du mal à pénétrer, selon Libération.fr.


Michel Fourniret joue un jeu. Il brandit une affichette se mure dans le silence derrière "Sans huis clos bouche cousue", refusant même de répondre au président de la cour Gilles Latapie qui lui demandait son identité.

Il ne peut rester muet très longtemps : à la troisième question du président, Michel Fourniret demande à l’un de ses trois avocats de remettre au président un exposé sur les « raisons de (sa) décision de boycott du procès » à lire aux familles de victimes en l’absence de huis clos.

En sept pages, Michel Fourniret se dépeint comme « un être mauvais dénué de tout sentiment».

Le Figaro analyse les quatre axes majeurs du texte fourni par Michel Fourniret au moment de son procès, le fait qu'il accuse la justice d'être "injuste", qu'il veuille laisser un "legs pour la postérité", écarter Monique Olivier du "statut de vedette" et évoquer un "devoir" vis-à-vis des victimes.

Le tueur des Ardennes s’en prend à la justice française et belge qui le poursuit, qui a « le nez dans le guidon » et ne mène qu’aux « portes de l’extravagance ».

Pour Alain Behr, l’avocat de la famille Laville, l’enjeu de ce procès est aussi "de montrer que c’est la justice qui décide et pas Michel Fourniret et Monique Olivier".


La cruauté glaciale du tueur en série



A la lecture de l’ordonnance de mise en accusation, la cruauté passée de l’«Ogre des Ardennes » réapparaît. Son regard est absent ou "glacial" selon le dessinateur Mathieu Gauthy, chargé de dessiner le tueur en série.



Sa présence glace le sang des familles de victimes, qui se réjouissent dans le même temps de voir "les deux accusés dans une cage" après plusieurs décennies parfois.

Parmi les parties civiles présentes au procès, Dahina Le Guennan, 40 ans, violée en 1982 à l'âge de 14 ans par Michel Fourniret, explique comment il a été "douloureux que l'acte de d'accusation entre autant dans les détails".

Elle qui avait appris avec révolte la libération conditionnelle de Michel Fourniret en 1987, et avait fait de son histoire personnelle un ouvrage, l'Inavouable vérité, a tenu à être présente.

Comme d'autres, elle souhaite que Fourniret soit condamné jusqu'à la fin de ses jours. Il risque la réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de trente ans.

D'autres victimes avérées ne sont pas représentées au procès car les méfaits commis à leur égard n'ont pas été reconnus par le tueur et sa complice et pas encore prouvés par la justice.


Monique Olivier dédouanée


L'une des stratégies de Michel Fourniret est aussi de réduire Monique Olivier, sa complice accusée d'avoir fourni à son mari des jeunes femmes dans le respect de leur "pacte criminel". Il la présente comme une « pauvre paumée romanesque ».

Celle qu'il appelait sa "mésange", fait au procès profil bas et veut s'expliquer, selon ses avocats.
Cette femme de 60 ans a aujourd'hui des allures de grand-mère soignée. Cheveux courts, fond de teint et mascara.














La transformation est flagrante avec l'image qu'elle avait donner à voir en 2004, au moment où elle avait accusé son mari de huit meurtres.

















Le procès a été suspendu en fin de matinée vendredi, après qu'une vingtaine d'avocats en robe manifestent devant le tribunal contre la réforme de la carte judiciaire par la garde des Sceaux Rachida Dati. Il a repris en début d'après-midi vendredi et doit durer deux mois.
Le temps de juger les sept crimes commis par le "sale type" provocateur et sa discrète et coupable compagne.

Lucie Romano

Renault et la fin du rêve roumain

Opération usine morte : depuis lundi les salariés de Dacia, filiale roumaine de Renault ont arrêté le travail. Ceux qui fabriquent la Logan, modèle vedette de Renault, réclament leur part du gâteau.

Leurs revendications sont inédites: les 12500 employés de Dacia réclament 69% d'augmentation de salaire. Ce qui porterait leur rémunération mensuelle brute à environ 435 euros, contre 285 euros actuellement. La direction a refusé et consent une augmentation de 19% des salaires.

La mort du mythe de "l'ouvrier roumain bon marché"
La donne change en Roumanie: le pays, longtemps considéré comme un marché fournisseur de main d'oeuvre bon marché, rattrape le niveau de vie de ses voisins européens."Nous travaillons comme en France mais sommes payés des cacahuètes", explique un gréviste cité par l'AFP. Cette évolution pourrait
décourager les investisseurs étrangers , attirés par le bas niveau des salaires en Roumanie. Pour le quotidien roumain Gandul, "les multinationales resteront en Roumanie tant que les revendications syndicales n’affecteront pas leurs affaires. Lorsque les salaires approcheront le niveau de ceux payés dans les pays occidentaux, elles plieront bagages et se dirigeront vers des pays plus pauvres".

Face aux exigences de ses travailleurs, la direction n’hésite plus à vanter les performances des usines Renault en Russie ou au Maroc, qui assemblent également des Logan.
"C’est un chantage", s’insurge Ion Iordache, leader syndical chez Dacia cité dans Libération. "La direction nous menace de délocalisation d’ici à deux ans si nous n’arrêtons pas notre mouvement…".


Grève chez DACIA - Renault Roumanie - Délocalisations
Vidéo envoyée par inet
Les salaires représentent entre 7 à 10 % du prix d'une voiture.

Les bons résultats de Dacia
Les grévistes de Dacia veulent être associés à la
"success story" de la Logan, première voiture aux standards occidentaux et à bas prix que Renault a choisi de produire en Roumanie. La Logan s’est vendue à plus de 230 000 exemplaires l'an dernier, soit une hausse de 18% par rapport en 2006. En janvier et février 2008, les ventes ont bondi de 62 % par rapport à l'an passé. L’usine roumaine de Pitesi se porte donc très bien et vient d’annoncer qu’elle va fabriquer une nouvelle berline, la Sandero, déjà assemblée et commercialisée au Brésil.

Un enlisement de la grève pourrait nuire à le bonne santé de l’usine : depuis lundi, aucune Logan n'est sortie des lignes de production où sont assemblés en temps normal 1000 véhicules jour. Le conflit chez Dacia a déjà coûté 4000 Logan à Renault. Pour l'heure, Dacia refuse de commenter les chiffres estimant ses pertes à 10 millions d'euros par jour et assure que la livraison des Logan n'est pas affectée.


La Roumanie, terre de concurrence économique

La concurrence est récemment montée d'un cran entre les constructeurs automobiles Renault et Ford. Le 21 mars, Ford a repris l'ancienne usine Daewoo de Craiova, ville du sud-ouest de la Roumanie. Ford devrait investir 675 millions d'euros pour moderniser cette entreprise dont l'ambition est de sortir sur le marché en 2010 un modèle capable de concurrencer la Logan. La nouvelle est parvenue aux oreilles des syndicalistes de chez Dacia, qui craignent de voir leurs salaires stagner pour que Renault puisse faire face à la sévère concurrence de Ford.

Les implantations de Renault à l'étranger:


La Logan en France: un succès inattendu
Renault voulait la réserver aux pays émergents, la Logan est discrètement arrivée sur le marché français en 2005 après un revirement de stratégie de l'entreprise. Résultat: un carton inattendu. En 2007, les ventes françaises des voitures Renault ont baissé de 1,8% quand celles de Dacia (Logan berline et Logan break) ont explosé de 75%.

Un jeu video ne sert pas qu'à jouer !

Un spot de pub pour vanter les mérites d’une boisson énergétique ? Le parfait moment pour aller se laver les dents avant la fiction du lundi soir. Trente secondes de message télévisé sur une famine à des milliers de kilomètres à l’heure du dîner ? Une partie de l’audience a déjà zappé. Pour toucher leurs cibles, les communicants ont donc décidé d’investir les jeux video.

Tenter de résoudre la faim dans le monde est-il un jeu ? Oui, à visée pédagogique du moins, depuis que le programme alimentaire de l’ONU a lancée, en 2005, Food Force. Le joueur est placé sur Sheylan, une île fictive de l'Océan Indien en guerre. Il doit réussir à nourrir le plus de personnes possibles avec un budget de 30 centimes par personne et par jour. Au fur et à mesure des six missions, il doit récupérer les victimes, les nourrir, gérer les convois et aider à la reconstruction des habitations. Bref, un véritable jeu de gestion, comme ceux distribués dans le commerce, mais proposé en téléchargement gratuit. L’initiative, destinée à sensibiliser les enfants de manière ludique, choque parfois en raison du télescopage entre jeu et misère humaine. Selon l'ONU, le jeu aurait été téléchargé quatre millions de fois au bout d'un an.

Il n'y a pas que pour des raisons humantaires qu'un jeu sert parfois à faire passer un message. L'armée américaine a ainsi tiré les conclusions de l'explosion des jeux de combats en réseaux, tels que Counter Strike ou Battlefield 2. Si des millions de jeunes américains aiment ça, autant qu'il le fasse sur un programme qui simule de la manière la plus crédible possible les conditions d'une carrière militaire dans la vie réelle, dans un pays certes imaginaire mais ressemblant à s'y méprendre au Moyen-Orient. Ainsi est né America's Army en 2002, qui connaît depuis un large succès : des compétitions internationales sont régulièrement organisées et une communauté francophone particulèrement active est apparue, preuve que le jeu a dépassé le seul objectif du recrutement de futurs soldats. L'administration américaine a ainsi provisionner 70 millions de dollars pour développer et améliorer le jeu sur 10 ans.

Benjamin Legendre

Fuzz ferme, les internautes l'ouvrent


La condamnation d’Eric Dupin a fait la une de l’actualité. Le propriétaire du site fuzz.fr a été condamné à verser 1 000 euros à Olivier Martinez pour «atteinte à la vie privée» de l’acteur. Cette décision de justice pourrait faire jurisprudence. En effet, il n’a pas été condamné pour avoir diffusé directement une information mais pour avoir créé un lien vers cette information. Le blogueur a décidé de fermer Fuzz. «C’est trop risqué, a-t-il déclaré à l’AFP. Comme je ne peux vérifier les liens un à un, je ferme le site et vais réfléchir à une autre formule.»
Sur la toile, les internautes ont vivement réagi. Petit passage en revue de leurs commentaires.

Sur les sites d’actualité "traditionnels", les réactions sont partagées.
alain sager écrit suite à un article sur lemonde.fr : «Ce n'est pas du tout un jour noir, au contraire. De temps en temps il faut vidanger les égouts. Sans curage périodique, il ne saurait y avoir de bonne circulation.» Quelques lignes plus bas, c’est maxfrerot qui prend la parole : «Bravo, les hébergeurs sont enfin responsabilisés, on va voir moins de conneries partout sur le web. C'est vraiment une bonne nouvelle.»

Le site lefigaro.fr titrait « Une décision de justice fait trembler le web 2.0 ». L’article a recueilli une soixantaine de commentaires. Parmi les internautes, certains soutiennent la décision du juge. Pierre95 écrit : «La démocratie ne peut pas rimer avec "zone de non-droit"».
Pourtant, le verdict ne fait pas l’unanimité chez les adeptes du Net. sa_robin_hood se pose des questions : «Cette décision touche clairement à notre liberté d'expression en tant que citoyen. [...] Ah internet, cet idée libertaire qui vient de se fracasser en France, pays des libertés...»

Janno se veut plus critique envers les institutions, qu'il considère dépassées par cet outil moderne : «Internet est l'outil de l'information et "lier" celle-ci parce que c'est techniquement possible ne signifie pas qu'on exprime une opinion. Les juges français ont largement démontré leur incompétence vis-à-vis des NTIC depuis qu'Internet existe, et, somme toute, traduit par leurs jugements, l'inquiétude des pouvoirs anciens par rapport à celui-ci qui les dépasse.»

Sur le blog d'Eric Dupin, évidemment, on laisse plutôt des messages de soutien. Sur un ton plus léger, la lène se laisse tout de même aller à la plaisanterie : «Y'a un truc avec les Olivier ou bien ?». Rapport à la plainte déposée par Olivier Dahan pour les mêmes motifs. Quant à Geoffrey Dorne, il présente un fait intéressant : «Wikipédia relate l'histoire de Olivier et sa nana...» et l’histoire est toujours en ligne...

Sur le site Ecrans, les commentaires ne sont pas beaucoup plus optimistes. «Pas certain que ça fasse réfléchir les idiots. [...] Et les utilisateurs responsables sont évidemment les grands perdants, comme souvent», regrette Mmoi.

Sur versac.net, on prend la défense de l'acteur. Le 20 mars, un premier post intitulé «J'aime bien Olivier Martinez» prend le contre-pied de la tendance actuelle. En effet, un mouvement s'est lancé sur le Net, le «J'aime pas Olivier Martinez». Objectif : créer le buzz pour faire grimper son nom dans le recensement Google. Un deuxième post, une semaine plus tard, revient sur le sujet. «Affaire Olivier Martinez : la fin du monde?» qui tente d'analyser la décision de justice.

Mais finalement, c’est sans doute Laurent Gloaguen qui résume le mieux l’état d’esprit des internautes avec sa question du jour : «C’est qui Olivier Martinez ?».

Les clés pour comprendre l’affaire Mumia Abu Jamal

25 ans derrière les barreaux, 25 ans d’attente dans le couloir de la mort pour Wesley Cook alias Mumia Abu-Jamal, condamné à la peine capitale en 1982 pour le meurtre d’un policier blanc à Philadelphie un an plus tôt, qu'il nie avoir commis.

Rapidement, le procès de l’ancien journaliste et militant des Black Panthers a pris une véritable dimension politique et l’activiste afro-américain est devenu un symbole pour les opposants à la peine de mort.

Retour sur une affaire complexe, qui mêle règlements de comptes politiques et lutte pour la défense des Droits de l’homme.

• Mumia Abu-Jamal échappera-t-il à la peine de mort?

La justice américaine a bel et bien annulé la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal, mais elle a aussi réaffirmé sa culpabilité dans le meurtre du policier Daniel Faulkner, le 9 décembre 1981.

Les juges de la cour d’appel fédérale de Philadelphie ont estimé que lors du procès, qui a eu lieu en 1982, les jurés auraient été mal informés sur le déroulement de la procédure. On leur aurait laissé entendre qu’ils devaient être d’accord à l’unanimité sur les circonstances atténuantes permettant d’éviter la peine de mort, alors que les conditions ne sont en réalité pas aussi restrictives.

L’accusation peut convoquer un nouveau jury, dans l’espoir d’obtenir une condamnation à mort. Si elle y renonce, la peine capitale sera automatiquement commuée en réclusion à perpétuité. Mais un nouveau procès donnerait à Mumia Abu-Jamal une chance de prouver son innocence.

• Qui est Mumia Abu-Jamal?

Mumia Abu-Jamal est né le 24 avril 1954 à Philadelphie, en Pennsylvanie. A 14 ans, il est arrêté et battu pour avoir protesté contre un meeting du candidat ségrégationniste George Wallace à l’élection présidentielle. Un an plus tard, le jeune homme devient le porte-parole de la section de Philadelphie du Black Panther Party.
Devenu journaliste de radio, Mumia Abu-Jamal, "la voix des sans voix", finit par être licencié en 1981 pour ses critiques de la corruption des dirigeants locaux et des violences policières. Il devient alors chauffeur de taxi pour gagner sa vie.

A voir, la vidéo From Death Row, en anglais, où Mumia Abu Jamal revient sur son parcours depuis les couloirs de la mort de la prison de Greene en Pennsylvanie.



• Quelle est sa situation actuelle ?


Mumia Abu-Jamal est emprisonné depuis 25 ans à la prison de Green, en Pennsylvanie. 25 ans qu’il attend dans les couloirs de la mort de savoir s’il subira une injection létale ou s’il restera en vie. En 1995, il a publié un livre, En direct du couloir de la mort, chronique de sa vie en prison.

A lire en ligne ici.

"Imaginez une pièce de la taille de votre salle de bains et imaginez que vous êtes condamné à y vivre, à y manger, à y dormir, à y soulager vos besoins naturels, à y rêvasser, à y pleurer et surtout, surtout, à y attendre (…). Imaginez ce qu’est d’attendre, attendre et attendre attendre la mort. Moi je n’ai pas besoin d’imaginer."

À écouter, un extrait du CD Mumia Abu-Jamal Spoken Word.

• De quoi est-il accusé ?


Le 9 décembre 1981, une fusillade éclate dans un quartier sud de Philadelphie. Lorsque les policiers arrivent sur place, ils découvrent leur collègue, Daniel Faulkner, mort. Mumia Abu-Jamal est assis sur le trottoir, une balle dans la poitrine. Près de lui, un revolver. Il est accusé de meurtre et condamné à la peine de mort. Depuis le couloir de la mort, il clame toujours son innocence.

• Pourquoi ce procès est-il si polémique ?


De nombreux partisans de Mumia Abu-Jamal estiment que l’ancien journaliste a été victime d’un procès politique et de préjugés racistes.
En 2003, la ville de Paris l’a même élevé au rang de citoyen d’honneur, donnant son nom à rue de Saint-Denis. Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples appelle d’autres villes à lui accorder cette distinction. Le militant des droits des Noirs a toujours nié être responsable de la mort du policier Daniel Faulkner.

En 1999, Arnold Beverly, un ancien tueur à gages, aurait avoué avoir assassiné Daniel Faulkner dans le cadre d’un contrat avec la mafia : les enquêtes du policier l’auraient un peu trop rapproché de certaines figures du crime organisé. Mais ces aveux n’ont jamais été entendus par la justice, car ils étaient "hors des délais de la procédure".

A consulter, le site de l'association Ensemble contre la peine de mort qui revient sur l'affaire Mumia Abu-Jamal.

• Quelles ont été les réactions à l’annulation de sa condamnation ?

L’organisation SOS racisme s’est "félicitée" de l’annulation de la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal, et a rappelé que "le combat ne s’arrête pas là". Ils espèrent que la justice américaine reconnaisse à présent son innocence.


A lire en complément, le blog d'un condamné à mort.

Hélaï Hosseini

Les hébergeurs face au film polémique Fitna

Depuis jeudi, les internautes peuvent visionner Fitna le film polémique de Geert Wilders. Le court métrage du député néerlandais d’extrême droite est disponible sur le site hébergeur britannique Live leak. Quinze minutes qui montrent des images de victimes d’attentats entrecoupés de pages de Coran. Geert Wilders y associe directement islam et terrorisme. De quoi susciter des réactions et de faire craindre une polémique dans la lignée des caricatures de Mahomet.

Live Leak a pris les devants en soulignant qu’il n’avait aucune raison légale de refuser sa diffusion, tout en reconnaissant ne pas partager ses positions. « Ce n’est pas notre rôle que de censurer les gens en se basant sur une réaction émotionnelle ». Sa position est de « rester impartial et de permettre la liberté d'expression aussi loin que la loi et nos règlements le permettent". Live leak précise "ne pas avoir l'intention de défendre le contenu de Fitna, mais seulement notre choix de l'héberger".


Ce choix d’héberger le film, Network Solutions ne l’a pas fait. L’hébergeur américain qui devait à l’origine le diffuser a préféré ne pas prendre de risque. Résultat : aucune trace du film sur le site, juste un court propos défendant sa décision. L’hébergeur invoque sa charte qui interdit toute propagande haineuse.

Du côté des traditionnels sites de partages de vidéos, les conditions d’utilisation préviennent que tout discours incitant à la haine ou rabaissant un groupe en raison de la religion est proscrit. Dans les faits, Dailymotion diffuse librement Fitna, Youtube demande de confirmer son âge. Même interdiction aux mineurs sur le site Live leak. Youtube laisse le soin aux autres internautes de faire contrepoids au message délivré par le député : un internaute a recueilli les témoignages de neerlandais avant de mettre en ligne les vidéos intitulées "Fitna the film : sorry" (fitna le film : désolés).

"Immunité" des hébergeurs

Ce n’est pas la première fois qu’un hébergeur est prié (officiellement ou non) de tenir les engagements de sa chartre ou de respecter la loi.

En 2006, le CDCA (Comité de Défense de la Cause Arménienne) déposait une plainte contre Wanadoo qui hébergeait le site du consulat de Turquie. Ce site exposait une thèse négationniste concernant le génocide arménien, alors que la France reconnaît officiellement ce génocide depuis le 29 Janvier 2001. Verdict du Tribunal de Grande Istance de Paris : la négation d’un génocide ne constitue pas un délit et le consulat est protégé par une immunité diplomatique.

En novembre 2007, Le TGI de Paris déboute la plainte pour diffamation et atteinte à la vie privée déposée par trois individus dont le militantisme homosexuel avait été révélé dans un article de wikipédia.

Presque systématiquement, les hébergeurs s’abritent derrière l’ ”immunité” qu’accorde aux hébergeurs la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) du 21 juin 2004. L’article 6-I-2 de la loi prévoit qu'aucun hébergeur ne peut être tenu pour responsable tant qu'ils prouve qu’il n’a pas eu connaissance de l’article ou la vidéo incriminés, ou s'il a réagi rapidement en bloquant le site quand ils s’en sont aperçu.


La Coupe de la Ligue, le vilain petit canard

Le PSG et Lens s’affrontent samedi au Stade de France en finale de la Coupe de la Ligue pour tenter de sauver une saison calamiteuse et décrocher une place européenne. Mais cette compétition souffre toujours d’un profond manque d’intérêt de la part des clubs du haut de l’affiche.

Le 17e contre le 18e de L1 : voilà un match qui n’a pas grand-chose à offrir pour susciter l’enthousiasme du monde du football. Pourtant il concerne deux grands clubs français. Le PSG et Lens, bien qu’à la dérive en championnat, demeurent des équipes prestigieuses. Et puis il s’agit d’une finale, avec à la clé une place qualificative pour la coupe de l’UEFA . L’an dernier Bordeaux s’était ainsi offert une victoire de prestige face à l’ogre Lyonnais (1-0), ce qui lui avait permis d’être européen (voir vidéo). Mais cette perspective ne suffit pas à rendre attrayante la Coupe de la Ligue aux yeux de la plupart des clubs.



Une coupe de l’UEFA délaissée

Première explication : la coupe de l’UEFA elle-même ne fait plus recette. Elle a été victime de l’élargissement de la Ligue des champions, qui rassemble désormais 32 équipes, et donc toutes les grosses cylindrées européennes. Seul le Bayern Munich, auteur l’année passée d’une saison catastrophique, s’est retrouvée par défaut dans la compétition. Preuve que les clubs français font peu de cas de cette coupe, Laurent Blanc, l’entraîneur des Girondins de Bordeaux, avait aligné une équipe B lors du 8e de finale retour face à Anderlecht (1-2) le 21 février dernier. « Cette compétition n’a jamais été une priorité », expliquait-il sans la moindre gêne, alors que la qualification était possible.

Priorité à la Coupe de France

La Coupe de la Ligue ne dispose ensuite pas du prestige d’une Coupe de France. Cette dernière possède véritablement une âme, grâce à la présence des clubs amateurs. Les épopées de Calais en 2000 ou de Carquefou cette année sont des aventures humaines capables de susciter l’enthousiasme. Le « petit poucet » dispose toujours d’un fort capital sympathie de la part du grand public. Ce n’est pas possible en Coupe de la Ligue, puisque celle-ci rassemble les 40 clubs de Ligue 1 et Ligue 2, ainsi que les clubs de National possédant le statut professionnel.
Autre avantage pour la Coupe de France : son ancienneté. En 90 ans, elle a eu le temps de se forger une réputation. La Coupe de la Ligue n’a quant à elle été créée qu’en 1982, et n’existe dans sa formule actuelle que depuis 1994.

14 buts en demi-finale

Pourtant cette compétition peut parfois offrir des matchs incroyables, loin des 0-0 qui hantent la Ligue 1 depuis plusieurs saisons. Ainsi pas moins 14 buts ont été inscrits lors des demi-finale, avec un Le Mans-Lens qui restera longtemps dans les mémoires artésiennes (voir vidéo). De quoi mobiliser les supporters lensois, qui se déplaceront en masse (environ 30 000) au Stade de France. Car si les deux finalistes font du maintien leur priorité, pas question de négliger cette rencontre. « On va à Paris pour gagner un titre et soulever un trophée », a prévenu le président lensois Gervais Martel…



A voir sur lequipe.fr : Le palmarès de la compétition

Que s'est-il passé aux Comores?

Le colonel Mohamed Bacar, rêvait que son île d'Anjouan se sépare de l'Union des Comores, mais il vient d'être détrôné par l'Union africaine. En seulement deux jours, l'opération «Démocratie aux Comores» soutenue par la France a donné raison à l'autorité centrale. Quelques reperds pour mieux comprendre cette opération express.

Des soldats comoriens devant le palais présidentiel d'Anjouan dont ils ont pris le contrôle le 26 mars 2008 Jose Cendon / AFP -

Comment s'est déroulée l' opération «Démocratie aux Comores»?


Mardi 25 à l'aube, les troupes de l'Union africaine (UA) débarquent sur les plages d'Anjouan avec l'aide des autorités fédérales de la Grande Comore et le soutien de la France. Ils prennent possession de la capitale Mutsamudu et trouvent la présidence vide. Les soldats se lancent à la recherche de l'ancien président.

Le colonel Mohamed Bacar a fuit la capitale en secret pour la résidence de son frère à Mayotte avec vingt-trois de ses proches. Ils sont appréhendés et dé
sarmés par les autorités françaises pour «non respect de la législation française, dont l’entrée clandestine à Mayotte et détention d’armes».

Bacar est transféré en zone de rétention sur une petite île adjacente où se trouve l’aéroport. Les autorités de Mayotte interrompent le trafic et des gendarmes français de la Réunion arrivent en pour éviter le lynchage de du président en fuite. Un a
vion de l'armée de l’air française emmène M. Bacar à la Réunion dans la nuit de jeudi à vendredi.

Qu'est ce que les Comores ?

Rattachés à Madagascar pendant la période coloniale française, les trois îles de l'archipel sont devenues indépendantes en 1975. Elles ont connu une vingtai
ne de coups d'Etat ou tentatives de coup d'Etat depuis.

L'Union des Comores a été créée en décembre 2001. Elle regroupe les îles de Grande Comore, de Mohéli et d’Anjouan, soit 632 000 habitants sur 2 200 km2.

Le chef d’Etat et du gouvernement Ahmed Abdallah Sambi dirige l’Union des Comores depuis la capitale Moroni, mais chaque île dispose d'une large autonomie.

Qui est Mohamed Bacar ?


Ce colonel de 46 ans est devenu président d'Anjouan en 2001 suite à un coup d'Etat. Il a été réélu en juin 2007 car il était le seul candidat à ne pas boycotter les urnes. Election qui n'a pas été reconnue par l'Union des Comores et l'Union Africaine.

Opposant au président Sambi, il se défendait d'être un dictateur et souhaitait l'indépendance de son île, comme il l'expliquait aux journalistes de France 24 depuis son grand bureau présidentiel.

En plus d'être détesté de Moroni, il était devenu très impopulaire à Anjouan où on le surnommait «le chien». Il s’appuyait sur un groupe restreints de militaires, de commerçants et hommes d’affaires. Les ministres de son gouvernement vidaient peu à peu les caisses de l'île et les fonctionnaires n'étaient plus payés. Des clandestins quittaient régulièrement Anjouan pour Mayotte, fuyant le régime ou les mauvaises conditions économiques, comme l'explique un reportage de Rue 89 de l'été dernier.

Peu de temps avant le débarquement des forces africaines, le colonel Bacar promettait de se battre de pour défendre l'île. Il a préféré de fuir vers Mayotte, où il a immédiatement demandé l'asile politique français.

Pourquoi Bacar s'attendait à cette attaque ?

Sa réélection en juin 2007 n'est reconnue ni par l'autorité centrale, ni par l'Union africaine.
L'UA impose alors des sanctions personnalisées contre les dignitaires ajouannais dans le but de contraindre M. Bacar à organiser de nouvelles élections: interdiction de sortie d’Anjouan et blocage des comptes bancaire à l’étranger...

Fin novembre, le président de l'Union des Comores, M. Sambi demande une intervention militaire de l’UA pour «libérer» Anjouan : l’UA refuse mais prolonge les sanctions contre les dirigeants anjouanais.

Fin mars, M. Bacar savait qu'il serait bientôt inquiété. Des journalistes de France 24 l'ont rencontré peu de temps avant l'opération militaire.

Que deviennent le colonel et l'île d'Anjouan ?

Le président déchu a demandé l'asile politique à la France. Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’outre-mer a annoncé jeudi 27 que la France « étudie la demande d’asile politique » de Mohamed Bacar. Mais cette procédure administrative est distincte de celle de la justice, comme l'a souligné le procureur de la Réunion.

Le procureur de la République à la Réunion François Muguet a annoncé que le Colonel Bacar et les 23 personnes qui l'ont accompagné dans sa fuite seront déférés devant la justice (française) samedi pour «non respect de la législation française, dont l’entrée clandestine à Mayotte et détention d’armes». Bacar risque cinq ans de détention maximum.

Dès jeudi, les Comores ont réclamé le retour de Bacar, pour qu'il soit traduit devant la justice de Moroni. Mais il n'existe pas d'accord d'extradition entre les deux pays. «Si la France ne peut pas les extrader vers un pays où la peine de mort est en vigueur, alors qu'elle les envoie dans un autre tribunal comme celui de La Haye» a réclame M. Sambi. Le ministre comorien de la Défense a indiqué mercredi que des mandats d'arrêts internationaux avaient été émis contre M. Bacar et ses collaborateurs pour «rébellion et tortures».

Dès mercredi, le palais présidentiel de Mutsamudu a trouvé un nouvel occupant. Iklililou Dhoinine, un des vice-présidents de l’Union des Comores dirige une administration provisoire désignée pour gérer l’île jusqu’aux prochaines élections.

Représentativité, mode d'emploi

Tous les jeudis depuis le 24 janvier, syndicats et patronat s’assoient à la même table pour négocier sur la réforme de la représentativité. Leurs conclusions devaient être présentées au gouvernement le 31 mars. Incapables de se mettre d’accord, les partenaires sociaux ont finalement jusqu’au 10 avril pour rendre leur copie.

Qu’est-ce que la représentativité syndicale ?

En France, cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC), les mêmes depuis 1966, sont considérés comme représentatifs. C’est à dire que ces cinq confédérations peuvent, dans toutes les entreprises, désigner un délégué syndical pour négocier avec la direction et se présenter au premier tour des élections professionnelles. Les autres syndicats doivent attendre le second tour. La représentativité confère aux syndicats de nombreux avantages gestion des organismes paritaires (Unedic, caisses de Sécurité sociale, etc.), moyens financiers, y compris publics. Ces centrales sont aussi les seules à pouvoir négocier des accords au niveau national interprofessionnel.

Sans cette fameuse représentativité, un syndicat a certes le droit de se constituer mais il ne peut pas nommer de délégué syndical, donc pas signer d’accord. Il n’a pas droit aux heures de délégations accordés aux élus. Il est privé des locaux et moyens mis à disposition par la direction et il lui est interdit de distribuer des tracts à l’intérieur de l’entreprise.

Pourquoi une réforme est-elle nécessaire ?

Les critères de représentativité ont quarante ans et ne reflètent plus la réalité du paysage syndical. Ils prennent en compte les effectifs, l'indépendance, les cotisations, l'expérience et l'ancienneté du syndicat, l'attitude patriotique pendant l'Occupation.

Certaines organisations demandent depuis des années à être jugées représentatives. Il s'agit de Solidaires (dont les syndicats SUD), de l'UNSA et de la FSU, plus présente dans la fonction publique. Elles veulent exister sans se heurter aux barrages juridiques des entreprises et des autres syndicats, pouvoir négocier et bénéficier des aides et subventions.

Comment se passent les négociations ?

Le gouvernement a laissé aux partenaires sociaux jusqu'à la fin mars pour trouver un accord. La négociation se fait à partir d'un texte présenté par le patronat. Les partenaires sociaux ont prévu, après la séance du jeudi 27 mars, de se revoir les 9 et 10 avril pour un ultime rendez-vous.

Quel est le contenu de la négociation ?

Malgré les réticences de FO, de la CFTC ou de la CFE-CGC et, côté patronal, de l'UIMM et de la CGPME, l'audience électorale devrait s’ajouter aux critères de représentativité existants. En se fondant sur les élections au comité d'entreprise ou des délégués du personnel, un syndicat sera jugé représentatif dans l'entreprise s'il franchit un seuil que la CFDT et la CGT proposent de fixer à 10 %.

Sa représentativité dans la branche sera calculée par addition des résultats dans les entreprises. Au niveau national, la représentativité sera obtenue si, propose le texte patronal, le syndicat a fait la preuve de sa représentativité « dans un ensemble de branches employant au moins 60 % des salariés du secteur privé ». Ces critères seraient recalculés tous les quatre ans.

Sur la validation des accords, le patronat reprend la position défendue par la CGT et la CFDT : un accord serait valable s'il est signé par des organisations représentant la majorité (en voix) des salariés. En échange, le Medef veut installer des possibilités accrues pour les entreprises de conclure des accords dérogeant à la loi, ce que refusent les syndicats. Une période transitoire, longue de quatre à huit ans, serait instaurée avant la mise en place de ces nouvelles règles.

Pour augmenter le taux de syndicalisation, aujourd’hui de 8% seulement, le texte évoque la piste d'un crédit d'impôt pour les salariés syndiqués (au lieu d'un abattement fiscal actuellement.

Pourquoi un accord est-il si difficile à trouver ?

Les organisations patronales souhaitent des élections à un tour, ouvertes à tous, syndiqués et non syndiqués, et que les délégués syndicaux soient choisis parmi les élus. Un casus belli pour les syndicats.

Les tensions sont fortes entre « le club des cinq » syndicats représentatifs et ceux qui veulent en faire partie. Beaucoup se résignent à l’arrivée de l’Unsa, qui apparaît comme un syndicat raisonnable et réformiste, mais personne ne veut de Solidaires, dont fait partie SUD (Solidaires, unitaires, démocratiques), très contestataire. Formé en 1988 par des exclus de la CFDT-PTT, renforcé en 1995 puis 2003 par les déçus du même syndicat, SUD s'est d'abord développé dans les entreprises publiques comme la SNCF avant de gagner du terrain dans le privé .

Si la négociation échoue, le gouvernement devra, ainsi que s'y est engagé Nicolas Sarkozy, proposer une réforme qui doit entrer en vigueur cette année. Ces modifications législatives doivent intervenir avant l'été. Après, ce sera la campagne des élections prud'homales, fixées au 4 décembre, un enjeu majeur pour l'audience de chacun.

Un article du Monde diplomatique sur l'avenir du syndicalisme français

Pour un résumé en images, voir ce reportage de France 3

Pour une comparaison européenne des critères de représentativité, voir ce rapport du Sénat

Renault et la fin du rêve roumain

Opération usine morte : depuis lundi les salariés de Dacia, filiale roumaine de Renault ont arrêté le travail. Ceux qui fabriquent la Logan, modèle vedette de Renault, et réclament leur part du gâteau.
Les 12500 employés réclament une hausse de 69%, ce qui porterait leur salaire mensuel moyen brut à environ 435 euros, contre 285 euros actuellement. La
direction refuse et consent une augmentation de 19% les salaires. Le point sur les significations économiques du mouvement.

La fin du mythe de "l’ouvrier roumain bon marché"

"Nous travaillons comme en France mais sommes payés des cacahuètes", explique un gréviste. Ce mouvement pourrait
décourager les investisseurs étrangers , attirés par le bas niveau des salaires en Roumanie. Pour le quotidien roumain Gandul, "les multinationales resteront en Roumanie tant que les revendications syndicales n’affecteront pas leurs affaires. Lorsque les salaires approcheront le niveau de ceux payés dans les pays occidentaux, elles plieront bagages et se dirigeront vers des pays plus pauvres".
Face aux exigences de ses travailleurs, la direction n’hésite plus à vanter les performances des usines Renault en Russie ou au Maroc, qui assemblent également des Logan.
"C’est un chantage", s’insurge Ion Iordache, leader syndical chez Dacia cité dans Libération. "La direction nous menace de délocalisation d’ici à deux ans si nous n’arrêtons pas notre mouvement…".

Les bons résultats de Dacia

Les grévistes de Dacia veulent être associés à la
"success story" de la Logan, première voiture aux standards occidentaux et à bas prix que Renault a choisi de produire en Roumanie. La Logan s’est vendue à plus de 230 000 exemplaires l'an dernier, soit une hausse de 18% par rapport en 2006. En janvier et février 2008, les ventes ont bondi de 62 % par rapport à l'an passé. L’usine roumaine de Pitesi se porte donc très bien et vient d’annoncer qu’elle va fabriquer une nouvelle berline, la Sandero, déjà assemblée et commercialisée au Brésil.
Un enlisement de la grève pourrait nuire à le bonne santé de l’usine : depuis lundi, aucune Logan n'est sortie des lignes de production où sont assemblés en temps normal 1000 véhicules jour. Le conflit chez Dacia a déjà coûté 4000 Logan à Renault. Pour l'heure, Dacia refuse de commenter les chiffres estimant ses pertes à 10 millions d'euros par jour et assure que la livraison des Logan n'est pas affectée.


La Roumanie, terre de concurrence économique

La grève éclate alors que la concurrence est récemment montée d'un cran entre les constructeurs automobiles Renault et Ford. Le 21 mars, Ford a repris l'ancienne usine Daewoo de Craiova, ville du sud-ouest de la Roumanie. Ford devrait investir 675 millions d'euros pour moderniser cette entreprise dont l'ambition est de sortir sur le marché en 2010 un modèle capable de concurrencer la Logan. La nouvelle est parvenue aux oreilles des syndicalistes de chez Dacia, qui craignent de voir leurs salaires stagner pour que Renault puisse faire face à la sévère concurrence de Ford.

Les implantations de Renault à l'étranger:



jeudi 27 mars 2008

Mieux comprendre l'affaire Fourniret

Ce matin s'est ouvert le procès phare de l'année 2008 : celui de Michel Fourniret, surnommé « l'ogre des Ardennes », ainsi que de son épouse Monique Olivier. Les clés pour mieux comprendre cette affaire complexe.

Pour quels crimes Michel Fourniret et Monique Olivier comparaissent-ils ?


Michel Fourniret comparaît devant la Cour d’assises des Ardennes (à Charleville-Mézières) pour sept meurtres et viols entre 1987 et 2001, sur des jeunes filles âgées de 12 à 22 ans. Agé de 66 ans, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 30 ans. Son épouse est co-accusée pour le meurtre de Jeanne-Marie Desramault, disparue le 15 janvier 1989, et de complicité pour les six autres assassinats. Elle risque également la prison à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.

Y’a-t-il d’autres victimes potentielles ?

Michel Fourniret a lui-même reconnu un huitième meurtre, celui de Farida Hamiche, la femme du braqueur Jean-Pierre Hellegouarch. Il a assassiné cette dernière afin de récupérer le magot du « gang des postiches », enterré. Mais sa femme l’accusait (lors de son interrogatoire par la police, en juin 2004) de 11 meurtres en tout. L’ « ogre des Ardennes » a d’ailleurs été mis en examen le 11 mars dernier pour deux autres homicides commis près d’Auxerre en 1988 et 1990. Il est enfin inculpé en Belgique pour le meurtre d’une jeune fille au pair en 1992.

Qu’est-ce que le « pacte meurtrier » unissant le couple ?

Ce « pacte » a été scellé il y a 19 ans, lorsque Michel Fourniret était incarcéré à la prison de Fleury Mérogis. Le détenu avait passé une annonce dans Pèlerin magazine, pour avoir une correspondance avec l’extérieur. Monique Olivier lui a répondu, et leur correspondance a abouti à une promesse mutuelle : Michel Fourniret devait tuer le premier mari de Monique, « jaloux » et « violent » selon elle, et qui l’empêchait de récupérer ses enfants. En échange, elle lui promettait de l’aider à trouver des jeunes filles vierges pour lui permettre de continuer à satisfaire ses pulsions sexuelles. Elle a tenu sa parole. Lui non.

A quelle occasion le couple a-t-il été arrêté ?

Michel Fourniret a été arrêté le 26 juin 2003 après le rapt manqué d’une fille de 13 ans près de Namur en Belgique. La jeune fille avait réussi à prendre la fuite en sautant de la camionnette de Michel Fourniret. Interrogé par la police belge, Monique a accusé son mari de huit meurtres un an plus tard, en juin 2004.

Quel est le rôle exact de Monique Olivier dans ces affaires ?

Elle affirme qu’elle a agi par peur, en raison du pacte qu’il avaient scellé. « J'étais tombée dans son piège. J'étais contrainte d'accepter tout ce que j'ai vécu avec lui plus tard sans jamais le dénoncer. » Mais de nombreux éléments permettent de penser que Monique Olivier a joué un rôle actif dans les crimes. Selon Didier Seban, avocat de la famille d’une des victimes, « Monique Olivier a fait de ce petit violeur un tueur en série. » Les experts psychologues accréditent en partie cette thèse, soulignant que sa relation avec Michel Fourniret « découle beaucoup plus de son opportunisme et de la protection de ses intérêts personnels que de la peur inspirée par Fourniret. »

Comment le procès va-t-il se dérouler ?

Les débats débutent aujourd’hui et se poursuivront jusqu’au 31 mai. Une cinquantaine de membres des familles de victimes sera présente, ainsi que 400 journalistes. Un dispositif exceptionnel a été mis en place : 70 CRS ont été dépêchés pour assurer la surveillance des audiences et la sécurité de la maison d’arrêt de Charleville. La salle d’audience a été équipée de quatre caméras pour permettre une retransmission des débats pour les journalistes. Le coût total du dispositif s’élève à 1,9 millions d’euros. Lors de la première matinée d’audience, Michel Fourniret a refusé de répondre au questions du juge Latapie, et s’est contenté d’acquiescer ou d’infirmer par des hochements de tête.