vendredi 28 mars 2008

Renault et la fin du rêve roumain

Opération usine morte : depuis lundi les salariés de Dacia, filiale roumaine de Renault ont arrêté le travail. Ceux qui fabriquent la Logan, modèle vedette de Renault, et réclament leur part du gâteau.
Les 12500 employés réclament une hausse de 69%, ce qui porterait leur salaire mensuel moyen brut à environ 435 euros, contre 285 euros actuellement. La
direction refuse et consent une augmentation de 19% les salaires. Le point sur les significations économiques du mouvement.

La fin du mythe de "l’ouvrier roumain bon marché"

"Nous travaillons comme en France mais sommes payés des cacahuètes", explique un gréviste. Ce mouvement pourrait
décourager les investisseurs étrangers , attirés par le bas niveau des salaires en Roumanie. Pour le quotidien roumain Gandul, "les multinationales resteront en Roumanie tant que les revendications syndicales n’affecteront pas leurs affaires. Lorsque les salaires approcheront le niveau de ceux payés dans les pays occidentaux, elles plieront bagages et se dirigeront vers des pays plus pauvres".
Face aux exigences de ses travailleurs, la direction n’hésite plus à vanter les performances des usines Renault en Russie ou au Maroc, qui assemblent également des Logan.
"C’est un chantage", s’insurge Ion Iordache, leader syndical chez Dacia cité dans Libération. "La direction nous menace de délocalisation d’ici à deux ans si nous n’arrêtons pas notre mouvement…".

Les bons résultats de Dacia

Les grévistes de Dacia veulent être associés à la
"success story" de la Logan, première voiture aux standards occidentaux et à bas prix que Renault a choisi de produire en Roumanie. La Logan s’est vendue à plus de 230 000 exemplaires l'an dernier, soit une hausse de 18% par rapport en 2006. En janvier et février 2008, les ventes ont bondi de 62 % par rapport à l'an passé. L’usine roumaine de Pitesi se porte donc très bien et vient d’annoncer qu’elle va fabriquer une nouvelle berline, la Sandero, déjà assemblée et commercialisée au Brésil.
Un enlisement de la grève pourrait nuire à le bonne santé de l’usine : depuis lundi, aucune Logan n'est sortie des lignes de production où sont assemblés en temps normal 1000 véhicules jour. Le conflit chez Dacia a déjà coûté 4000 Logan à Renault. Pour l'heure, Dacia refuse de commenter les chiffres estimant ses pertes à 10 millions d'euros par jour et assure que la livraison des Logan n'est pas affectée.


La Roumanie, terre de concurrence économique

La grève éclate alors que la concurrence est récemment montée d'un cran entre les constructeurs automobiles Renault et Ford. Le 21 mars, Ford a repris l'ancienne usine Daewoo de Craiova, ville du sud-ouest de la Roumanie. Ford devrait investir 675 millions d'euros pour moderniser cette entreprise dont l'ambition est de sortir sur le marché en 2010 un modèle capable de concurrencer la Logan. La nouvelle est parvenue aux oreilles des syndicalistes de chez Dacia, qui craignent de voir leurs salaires stagner pour que Renault puisse faire face à la sévère concurrence de Ford.

Les implantations de Renault à l'étranger:



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