vendredi 28 mars 2008

Aux émeutes au Tibet s’ajoute la bataille entre les médias chinois et occidentaux

L’objectivité n’existe pas dans la presse. Encore une fois cette vérité a été approuvée. S’il ne s’agissait pas d’une déformation de l’information, les médias chinois et occidentaux prennent juste chacun son parti. Et le public accepte, avec plaisir ou malgré soi, cette manipulation d’opinion.

Entre 30 et 60 moines tibétains ont perturbé jeudi l’opération de communication chinoise, la première du genre depuis les émeutes qui ont éclaté le 14 mars. Le gouvernement chinois pense à tout organiser, comme organiser un Tibet harmonieux, mais encore une fois, il "rate" son opération, selon leMonde.fr. Les médias chinois se contentent d’énumérer les médias étrangers participant à cette visite.

Puisque l’accès des journalistes au Tibet pendant les événements a été interdit, il est difficile de vérifier les informations provenant des deux sources principales : Pékin et Dharamsala. D'un coté, les médias Chinois ne montrent que les émeutes et les Chinois qui se fait agresser par des Tibétains furieux, et de l'autre, les médias occidentaux, qui fautes d'images s'en tiennent images de blindés dans Lhassa et aux déclarations invérifiables de centaines de morts, du gouvernement Tibétains en exil.

Les occidentaux agités par les répressions sanglantes des manifestants par l’armée chinois, n’attendent pas à montrer leur soutien aux Tibétains. Ils sont descendus dans les rues avec les Tibétains manifestants dans le monde entier, en faisant appel à un boycott des Jeux Olympique pour faire pression au gouvernement chinois. Des sportifs français ont fait appel aux autorités chinoises de respecter les droits de l’homme pour ne pas "gâcher les jeux". Une espèce d’émotion pathétique dans le monde occidental. Rarement sont ceux qui prêtent leur compassion aux Chinois agressés.

Une autre ambiance parmi les Chinois, tant en Chine qu’à l’étranger : la colère. Anti-cnn.com, un site lancé par les étudiants chinois à l’étranger, est au front de la riposte contre les médias occidentaux. Le but est de dénoncer l’injustice des reportages, en demandant également aux internautes d’y contribuer. "Il cite des témoignages d'étrangers racontant la violence des émeutiers, reproduit des photos aux légendes trompeuses, comme celles de policiers népalais en train de réprimer des manifestations, accompagnant des articles sur la répression chinoise." (AFP) Tout comme les Chinois soupçonnent l’implication de CIA dans les événements au Tibet, les journalistes occidentaux demandent si le gouvernement chinois est derrière ce site. "Ce sont les Chinois qui condamnent, critiquent les reportages irresponsables, immoraux", déclare Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères (ChinaDaily).

Face aux reportages contradictoires, les témoignages des touristes s’avèrent importants pour savoir ce qui s’y est passé. Ils sont plutôt recherché par les Chinois. Anti-cnn.com cite un blog d’un touriste canadien: "Je voudrais faire une chose clair parce que la plupart des médias ignorent un fait très important. Oui le gouvernement chinois porte une grande responsabilité de la situation. Mais hier les protestants n’étaient pas pacifiques. (…) Ils ont attaqué les policiers et les innocents chinois... »

Les occidentaux qui brandissent le drapeau de Tibet en hurlant "Free Tibet" et les Chinois irrités ont probablement un point commun : la plupart d’entre eux n’ont jamais été au Tibet, ils ne connaissent pas la vie actuelle des Tibétains ni son histoire. La plupart des occidentaux sont persuadés que le Tibet indépendant a subi l’invasion des communistes chinois, comme pour la plupart des Chinois, le Tibet "était, est et sera toujours une partie de la Chine". Base de divergence.

"Les autorités n’ont guère le choix. Si la répression est excessive, elle risque de se faire dénoncer par les gouvernements étrangers au risque de remettre en question le bon déroulement des JO. Mais si elles laissent faire, tous les mécontents pourraient recourir à des manifestations, et le « désordre » si redouté deviendrait réalité." Jean-Phillipe Béjà résume bien « L’impasse tibétaine ».

Sans aucun doute, le gouvernement communiste chinois a la main de fer, et les indépendantistes tibétains semblent vouloir aller jusqu’au bout, avec le soutien des défendeurs de droits de l’homme. Ils n’écoutent même plus leur dirigeant spirituel Dalaï Lama qui préconise toujours la non-violence. Les Chinois qui ne sont pas forcément contents du Parti communiste soutiennent cette fois leur gouvernement parce qu’ils ne supportent pas la séparation, qui, pour eux, signifie la guerre, dont eux-même seront victimes.

Lin Yuan

1 commentaire:

niko a dit…

ok. Bien vu. Il est important d'avoir un point de vue divergent pour se faire une meilleure idée de la situation. Toutefois, le Tibet, à son origine, était un territoire indépendant, non ? De quel droit un territoire comme la Chine s'octroie le droit de diposer du Tibet à partir de 1949 ? De quel droit d'ailleurs n'importe quelle nation s'octroie ce droit ? Le fait est que la Chine contrôle son peuple de trop près, contrôle l'information, la désinformation, et empêche ainsi toute objectivité...que la corruption y est encore importante, de surcroit. Un jour, le mur tombera au même titre qu'il est tombé en Allemagne de l'Est. Pour moi, la Chine n'explosera pas, elle implosera. Et je pense que ce sera salvateur.