vendredi 28 mars 2008

JUSTICE SPECTACLE POUR FOURNIRET

Retour sur le premier jour du procès des époux Fourniret à la cour d’assises de Charleville-Mézières.

Actu24 - Les lieux du procès Fourniret
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Michel Fourniret et Monique Olivier, qui comparaissent pour des affaires de séquestrations, viols, meutres entre 1987 et 2001 sur sept jeunes filles de 12 à 22 ans, se sont livrés à une mise en scène face aux journalistes et aux familles de victime, venus en nombre assister au premier jour du procès du tueur en série et de sa compagne.

Procès Fourniret : dans le bus, avec les victimes

Vidéo envoyée par lefigaro




Le dispositif de sécurité était important autour de la cour d'assises.
Le procès de celui qui s’appelle lui-même "le monstre des Ardennes, mythomane et mégalomane" était attendu depuis plusieurs années.
L'homme de 66 ans, arrêté en 2003 en Belgique et extradé en France en 2006, était incarcéré à Chalons-en-Champagne.


La cruauté froide de l'"Ogre des Ardennes", devenue légendaire, fascine la presse française et belge mais aussi la presse internationale.

Pas seulement depuis quelques jours ; cela fait des années que les théories les plus diverses essaient de qualifier les psychologies et la nature des relations de Michel Fourniret et de Monique Olivier.

Le procès attendu occupe la une des médias qui assurent le suivi heure par heure des premiers jours du procès.
Voir les journaux télévisés de le RTBF belge et du média français LCI.

Ainsi le Soir donne-t-il les détails de l'arrivée au tribunal de Michel Fourniret au deuxième jour du procès. "Les débats ont été interrompus vendredi vers 11 heures par le président de la cour, après que Michel Fourniret a du être amené de force au tribunal par les policiers du GIPN."

De nombreux sites de journaux français proposent de suivre l'affaire heure par heure.
Le site de 20 minutes, depuis jeudi, ou encore celui du Figaro, annoncent régulièrement les nouveaux rebondissements du procès des époux Fourniret.

Les journalistes, les experts psychologues, les avocats et les familles de victime s'attendent à avoir face à eux un Michel Fourniret "fier de ses crimes". De fait, le "minable pitre" arrive au premier jour du procès avec un scénario bien construit.


On peut s'attendre à tout


Premier acte, hier matin, celui que les médias français appelle le "Dutroux français" refuse de présenter son identité au président de la cour d'assises. C'est l'heure des "glauques méandres intellectuels d'un Fourniret donnant dans la farce sinistre" selon l'expression de Roland Planchar dans son édito dans La Libre Belgique.

Car l’homme au pull bleu et à la barbe grisonnante est un provocateur. « Il ferme parfois les yeux, paraît dormir ». A d’autres moments, il fulmine, notamment à l’évocation des crimes sur Elisabeth Brichet , 12 ans, enlevée à Namur en 1989 et que Michel Fourniret aurait eu du mal à pénétrer, selon Libération.fr.


Michel Fourniret joue un jeu. Il brandit une affichette se mure dans le silence derrière "Sans huis clos bouche cousue", refusant même de répondre au président de la cour Gilles Latapie qui lui demandait son identité.

Il ne peut rester muet très longtemps : à la troisième question du président, Michel Fourniret demande à l’un de ses trois avocats de remettre au président un exposé sur les « raisons de (sa) décision de boycott du procès » à lire aux familles de victimes en l’absence de huis clos.

En sept pages, Michel Fourniret se dépeint comme « un être mauvais dénué de tout sentiment».

Le Figaro analyse les quatre axes majeurs du texte fourni par Michel Fourniret au moment de son procès, le fait qu'il accuse la justice d'être "injuste", qu'il veuille laisser un "legs pour la postérité", écarter Monique Olivier du "statut de vedette" et évoquer un "devoir" vis-à-vis des victimes.

Le tueur des Ardennes s’en prend à la justice française et belge qui le poursuit, qui a « le nez dans le guidon » et ne mène qu’aux « portes de l’extravagance ».

Pour Alain Behr, l’avocat de la famille Laville, l’enjeu de ce procès est aussi "de montrer que c’est la justice qui décide et pas Michel Fourniret et Monique Olivier".


La cruauté glaciale du tueur en série



A la lecture de l’ordonnance de mise en accusation, la cruauté passée de l’«Ogre des Ardennes » réapparaît. Son regard est absent ou "glacial" selon le dessinateur Mathieu Gauthy, chargé de dessiner le tueur en série.



Sa présence glace le sang des familles de victimes, qui se réjouissent dans le même temps de voir "les deux accusés dans une cage" après plusieurs décennies parfois.

Parmi les parties civiles présentes au procès, Dahina Le Guennan, 40 ans, violée en 1982 à l'âge de 14 ans par Michel Fourniret, explique comment il a été "douloureux que l'acte de d'accusation entre autant dans les détails".

Elle qui avait appris avec révolte la libération conditionnelle de Michel Fourniret en 1987, et avait fait de son histoire personnelle un ouvrage, l'Inavouable vérité, a tenu à être présente.

Comme d'autres, elle souhaite que Fourniret soit condamné jusqu'à la fin de ses jours. Il risque la réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de trente ans.

D'autres victimes avérées ne sont pas représentées au procès car les méfaits commis à leur égard n'ont pas été reconnus par le tueur et sa complice et pas encore prouvés par la justice.


Monique Olivier dédouanée


L'une des stratégies de Michel Fourniret est aussi de réduire Monique Olivier, sa complice accusée d'avoir fourni à son mari des jeunes femmes dans le respect de leur "pacte criminel". Il la présente comme une « pauvre paumée romanesque ».

Celle qu'il appelait sa "mésange", fait au procès profil bas et veut s'expliquer, selon ses avocats.
Cette femme de 60 ans a aujourd'hui des allures de grand-mère soignée. Cheveux courts, fond de teint et mascara.














La transformation est flagrante avec l'image qu'elle avait donner à voir en 2004, au moment où elle avait accusé son mari de huit meurtres.

















Le procès a été suspendu en fin de matinée vendredi, après qu'une vingtaine d'avocats en robe manifestent devant le tribunal contre la réforme de la carte judiciaire par la garde des Sceaux Rachida Dati. Il a repris en début d'après-midi vendredi et doit durer deux mois.
Le temps de juger les sept crimes commis par le "sale type" provocateur et sa discrète et coupable compagne.

Lucie Romano

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