mardi 13 novembre 2007

Benazir Bhutto assignée à résidence, ses partisans dans la rue

Malgré l'interdiction de la "longue marche" organisée par le Parti du Peuple et l'assignation à résidence de son leader Benazir Bhutto, les opposants à Pervez Musharraf sont dans la rue.

Dixième jour d'état d'urgence au Pakistan. La procession de 275 km qui aurait du avoir lieu entre Lahore et Islamabad visait à réclamer la levée de l'état d'urgence instauré par le général Musharraf et maintenue pour les législatives prévues avant le 9 janvier.

L’ex-premier ministre pakistanaise Benazir Bhutto est assignée à résidence pour sept jours à Lahore (est). « Elle défiera l’interdiction » a déclaré un de ses conseillers à l’Associated Press. « Nos partisans retireront tous les barrages policiers sur le chemin de leur leader ». Pour l’instant, plus de 1100 policiers anti-émeutes retranchés derrières des barbelés empêchent les manifestants d’approcher le périmètre de sécurité autour de sa demeure. Une cinquantaine d’opposants dont deux parlementaires ont été interpellés.

La route en direction de la capitale est bloquée par la police. "Un cortège de plus de 100 voitures" ont entamé une procession en direction de la ville de Kasur (est du pays, en direction de la frontière indienne), a assuré Shah Mahmoud Qureshi, le président du Parti du peuple (PPP) pour la province du Pendjab.

Les espoirs d'accords ruinés

Mme Bhutto a affirmé à l'AFP qu'elle ne serait jamais Premier ministre sous M. Musharraf, comme le prévoyait leur accord avant l'état d'urgence décrété le 3 novembre. "Nous lui avions donné un plan pour une transition pacifique vers la démocratie mais il a ruiné tous les espoirs". Elle a brandi la menace d'un "boycott" des législatives par son parti, le plus important de l'opposition. Elle cherchait jusqu'alors à négocier avec le général Musharraf un accord de partage du pouvoir à l'occasion des législatives prévues pour début janvier.

Celle qui fut la première femme à accéder à ce poste dans l'histoire du monde musulman et l'unique à avoir dirigé la République islamique du Pakistan (1988-1990 et 1993-1996) est rentrée le 18 octobre d'un exil volontaire de 8 ans pour échapper à des accusations de corruption. Elle avait alors été la cible de l'attentat le plus meurtrier de l'histoire du Pakistan, qui avait tué 139 personnes, pour l'essentiel des partisans de son parti. Le chef de l'Etat l'avait amnistiée pour lui permettre de rentrer sans craindre la justice.

Appel à la communauté internationale

"Le général Musharraf doit partir. Il doit démissionner de ses fonctions de président et de chef des armées", a déclaré Mme Bhutto au téléphone depuis sa résidence. "Je demande à la communauté internationale de cesser de le soutenir, de cesser de soutenir l'homme dont la dictature menace d'enfoncer cette puissance nucléaire dans le chaos". Mardi, le président américain George W. Bush, dont M. Musharraf est l'"allié-clé" dans sa "guerre contre le terrorisme", a également appelé à la levée de l'état d'urgence pour que les élections soient "libres et équitables".

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